Bien choisir son imprimeur I Photo by Bank Phrom on Unsplash

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Bien choisir son imprimeur

Au cours du processus d’impression, chaque phase (préparation de fichiers, impression elle-même, façonnage, nettoyage, conditionnement puis livraison), est source d’impacts sur l’environnement. Ceux-ci peuvent être liés à l’utilisation de produits présentant un risque pour le climat et/ou la santé (encres, solvants, métaux lourds, nettoyants…), aux émissions de composés organiques volatiles (COV) ou de biocides, mais également à la consommation d’énergie et à la production de déchets…

En plus de choix graphiques durables et bien pensés, et de l’estimation au plus juste du tirage, bien choisir son imprimeur permet dans une large mesure d’améliorer l’éco-conception de chaque imprimé.

Voici quatre conseils afin d’être sûr de ne pas se tromper et de faire le bon choix.

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1 – Localisation et infrastructures

Cela peut vous sembler évident, mais plus un imprimeur sera géographiquement proche, plus l’empreinte carbone générée par votre livraison sera atténuée. De plus, sélectionner un imprimeur plus compétitif mais plus éloigné n’est pas systématiquement moins cher. En effet, le coût d’une livraison longue distance peut annuler d’éventuelles économies. Ne parlons pas des délais qui, notamment lorsqu’on imprime en Asie, sont conséquents et nécessitent une très grande anticipation. Enfin, point de vue compréhension et qualité, il est évidemment plus simple de communiquer et de se rendre à l’impression lorsque votre prestataire est proche.

Se pencher plus précisément sur les infrastructures d’une imprimerie, sur ses sous-traitants, peut également s’avérer important. Les locaux sont-ils récents ? Répondent-t’ils à des normes environnementales ? Recourent-ils à des sources de chauffage ou d’éclairage durables ? À des mesures de restriction des nuisances sonores ? L’imprimeur a-t’il lancé un, ou plusieurs, programmes environnementaux (compensation carbone, plantation d’arbres, installation de ruches…) ? Fait-il appel à un transporteur utilisant des véhicules récents, électriques ou roulant au bio-gaz ? Du point de vue de ses employés ses pratiques sont-elles socialement éthiques ?

Autant de questions auxquelles, selon vos attentes, il est intéressant de penser lors de la sélection de votre imprimeur !

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2 – Machines, encres et produits associés

L’impression dite offset est la plus utilisée lors de la fabrication de documents multipages, notamment livres, plaquettes ou rapports. En fonction du type de travaux, on distinguera deux types de machines : feuille à feuille, pour des tirages d’environ 400 à 50 000 ex., et rotative, principalement pour les gros tirages et l’impression de journaux.

Composition des encres

Quel que soit le type de machine, les encres utilisées en offset sont composées de trois ingrédients de base.

  • Les pigments, qui constituent la part colorante de l’encre.
  • Les solvants sont le constituant principal d’une encre et permettent à la fois son transport et la fixation des pigments.
  • Les adjuvants (gélifiants, tensioactifs, diluants…) – différents selon les propriétés de l’encre ou le support de destination –,  ont pour objectif d’améliorer qualité, rendement et efficacité.

Une liste d’exclusion, établie par le Comité Technique Européen « Encres d’imprimerie » du Conseil européen de l’industrie des Peintures, Encres d’imprimerie et Couleurs d’art (CEPE) est respectée par l’ensemble de la profession. Des substances nocives sont cependant toujours susceptibles d’être utilisées lors de la fabrication et de l’utilisation des encres. Il est donc important de se renseigner sur les pratiques d’un imprimeur concernant l’utilisation des encres et des produits associés.

Choix des encres

On cherchera prioritairement à utiliser des encres dont le solvant est à base d’huiles végétales plutôt que minérales. Elles ont en effet le double avantage d’être plus durables, car issues de ressources renouvelables non pétrochimiques. Dégageant moins de COV, elles sont également moins toxiques et plus facilement biodégradables. Elles ne le sont cependant jamais vraiment totalement, en raison de la présence des adjuvants. L’ensemble de la profession n’y est pas convertie, mais, pour le feuille à feuille, ces encres sont utilisées par nombre d’imprimeurs. C’est cependant moins le cas pour les rotatives qui utilisent encore largement des encres d’origine minérales.

Les encres UV sont elles d’origine minérale, mais ne contiennent pas de solvants grâce à un procédé de polymérisation. Elles sont donc à même de constituer une alternative aux encres végétales. Cependant, la présence de particules toxiques lors du processus d’impression, même si elles disparaissent après séchage, présente un risque accru pour la santé du personnel, devant être protégé en conséquence.

Quelques produits associés à l’utilisation des encres

  • Les solutions de mouillage contiennent 5 à 20 % d’alcool isopropylique. Elles constituent à la fois un COV nocif et un irritant puissant. Afin d’en limiter les émissions, certains imprimeurs recourent à un système de refroidissement de la solution. Cela permet de limiter la teneur en alcool à moins de 10 %. Encore plus efficace, le procédé dit « waterless » ou « dryoffset », ne recoure à aucune solution de mouillage. Il nécessite une plaque spéciale sur laquelle une couche de silicone assurera la répulsion de l’encre.
  • Souvent constitués d’un mélange de solvants organiques, les produits nettoyants pour machines sont également émetteurs de COV. Il existe cependant des agents nettoyants végétaux (ANV), à base d’huiles végétales estérifiées avec un alcool. Peu toxiques, peu volatiles et non inflammables, ils n’émettent pas de COV. Produits à partir de matières premières renouvelables, ils sont également durables.

Un CTP non polluant 

Permettant de graver les plaques avant l’impression, le CTP est un incontournable. Sa technologie a beaucoup évolué, mais nombre d’imprimeurs utilisent encore des systèmes à base de développeurs, fixateurs et eau. Un CTP thermique permet quant à lui de remplacer la chimie par l’emploi d’un laser. La zone non brûlée est lavée à la gomme arabique et les résidus sont aspirés. Un tel CTP présente nombre d’avantages. Il permet notamment une réduction de plusieurs milliers de litres de la consommation d’eau par an. Il limite également le recours aux énergies fossiles. De plus, l’absence de produits chimiques permet une diminution du stockage de matières dangereuses. Cela règle par conséquent le problème de leur traitement post-utilisation.

Ce type de machine présente le double avantage d’améliorer également la qualité d’impression. En effet, gravant mieux les plaques, il permet une impression avec davantage de détails, de nuances et de précision !

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3 – Papiers

Chaque imprimeur, afin d’optimiser stocks et dépenses, mais également réglages machines, travaille prioritairement avec un certain nombre de références papiers. Ce sont celles-ci qui sont proposées au client si ce dernier ne formule pas de demande expresse.

En outre, en fonction des modalités de commande des papetiers, il n’est pas toujours possible pour un imprimeur ne travaillant pas régulièrement avec certains, ou ne commandant pas en assez grande quantité, d’obtenir des papiers spécifiques.

Afin d’être certain d’obtenir des papiers dits écologiques, certifiés ou recyclés, il est important de vous renseigner à l’avance sur les références avec lesquelles un imprimeur a l’habitude de travailler, ou celles qu’il peut obtenir facilement.

Coutumier de références plus vertes, un imprimeur sera également à même de vous conseiller quant à l’utilisation de chaque papier, pour un résultat optimal.

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4 – Gestion des déchets dangereux 

Choisir un imprimeur exigeant en matière de gestion de ses déchets : tri sélectif, élimination et retraitement des produits dangereux, utilisation de chiffons lavables et réutilisables… constitue également un point important.

Faire le choix d’un imprimeur Imprim’Vert, par exemple, vous permet de vous assurer qu’il respecte les exigences de la marque. Celles-ci portent sur l’élimination des déchets dangereux ainsi que sur le stockage des produits et déchets liquides. Le label incite également à remplacer les produits à étiquetage de danger par d’autres, moins nocifs pour l’environnement et la santé.

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5- Normes écologiques

Il est encore possible d’aller plus loin en étudiant engagements en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et écolabels.

L’écolabel européen « papier imprimé » (NF521)

Certifié par l’AFNOR, les principales exigences pour l’obtention de cet écolabel sont :

  • Une plus faible pollution de l’air et de l’eau durant la fabrication du papier et le processus d’impression.
  • Une meilleure recyclabilité des produits.
  • Une réduction des dommages environnementaux ou des risques liés à l’utilisation de produits chimiques dangereux.
  • Une utilisation plus efficace de l’énergie.

Engagement volontaire et Certification ISO 14001

Un système de management environnemental peut être mise en place par l’imprimeur. S’il est encore peu développé dans le secteur, il vise notamment à une meilleure gestion des déchets et rejets (liquides, gazeux…) ainsi que des consommations de l’entreprise.

N’imposant aucune obligation concernant papier, encres, ou mise en œuvre de process, ce n’est pas en soit un gage de qualité écologique. Cela constitue à minima la preuve d’une volonté d’agir de la part de l’imprimeur.

Print’Etic, le label RSE des industries graphiques

Tout récent, Print’Etic est basé sur le label ISO 26000, adapté au secteur des industries graphiques. À ce jour, une dizaine d’entreprises sont engagées dans le processus de labellisation. Il porte sur douze enjeux de développement, structurels, sociaux et environnementaux notamment. Cela devraient permettre de faire le choix d’un imprimeur environnementalement mais également socialement éthiquement engagé.

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Conclusion

Voilà ! Vous questionner sur l’ensemble de ces points au moment du choix de votre imprimeur vous permettra de vous dirigez à coup sûr vers un imprimeur et une impression plus responsables.