Idées green friendly

Le papier ensemencé est à la mode. Vous en avez forcément vu, d’ailleurs les sites proposant des produits dérivés fleurissent (c’est le cas de le dire !).

C’est compréhensible. Cela fait appel à l’imaginaire, c’est poétique, et chacun a envie de faire un geste pour la nature. Chez Lichen aussi nous avons été tentées, et, comme toujours dans ces cas là, nous avons cherché à en savoir plus.

Au-delà de l’aspect ludique et du visuel naturel, le papier à graines représente-t-il vraiment une alternative écologique intéressante ? Et convient-il à tout le monde ?

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le papier ensemencé, c’est vraiment écologique ?

Lorsque l’on parle papier ensemencé, les mélioratifs fusent : original, écologique, bon pour la planète, bon pour les abeilles, bon pour le sol…

Mais est-ce vraiment le cas ?

Vous êtes vous déjà posé la question de sa composition, qui induit directement celle de sa traçabilité ?

Le papier ensemencé, c’est : du papier recyclé ou du coton, et des graines.

Si vous me suivez depuis un moment, vous commencez à savoir que le papier recyclé… Il faut s’en méfier !

Recyclé ne veut pas dire forcément bon et surtout pas exempt de produits chimiques ! Pour les amateurs, comme le dit un ami imprimeur : « Le recyclé c’est plus opaque que la Zone 51 ». Autrement dit, dans la plupart des cas, un fabricant de papier ensemencé ne sait pas d’où provient son recyclé (ou la manière dont il l’a été).

Même principe pour le coton issu de l’industrie. Quelles sont les garanties qu’il soit exempt de produits chimiques ?

Nous nous trouvons là face à un véritable problème de traçabilité. D’autant qu’à plusieurs reprises, ayant contacté des entreprises supposées fabriquer leur papier, il s’est avéré qu’elles se fournissaient « en gros ». Plus préoccupant, plusieurs d’entre elles, y compris réputées pour leur engagement écologique, ne m’ont tout simplement pas répondu. Cela laisse malheureusement songeur quant à l’origine du papier, vous ne trouvez pas ?

Il faut en effet savoir que la plus grande partie du papier ensemencé vendu « en gros » provient du Canada. L’empreinte carbone de son importation s’ajoute donc à l’opacité de la provenance.

Mais ce n’est rien comparé à ce que l’on peut dire des graines !

En règle générale (que ce soit pour le papier ensemencé ou pour autre chose), la majorité des graines provient d’Amérique Latine… Et la traçabilité des graines, y compris bios, est extrêmement compliquée.

Un exemple. Une grande majorité des graines commercialisées en France sont issues de variétés hybrides de classe F1. Qu’est ce que cela implique ? Qu’en achetant des graines, il y a de fortes « chances » qu’elles soient commercialisées par Monsanto, Bayer ou Syngenta, ces trois groupes produisant un très grand nombre (voire pour certaines variétés plus de la moitié) des graines commercialisées ! Est ce le type d’industries que vous avez envie de financer sans le savoir ?

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greenwashing et papier ensemencé

L’une des choses qui me dérange le plus à propos du papier ensemencé, c’est que, lorsque l’on parcours les sites de vente de produits dérivés, on constate moults allégations écologiques confinant au greenwashing, voire au mensonge.

– Exemple pioché au hasard : « Une gamme de papiers écologiques 100 % bons pour la planète ».

Attention ! Qu’il s’agisse de papier ou d’autre chose, on peut produire des marchandises meilleures (ou moins néfastes) pour la planète, mais, à partir du moment où l’on produit quelque chose, on pollue et on utilise des ressources. On peut travailler à alléger l’impact de cette production, mais on ne l’annule jamais totalement. Y avez-vous déjà réfléchis ?

– Continuons nos lectures : « Un produit avec 0 empreinte carbone car il suffit de le planter pour le transformer en de magnifiques plantes ».

C’est un point qui me laisse perplexe… Le fait de le planter peut-il vraiment en faire un produit 0 émission ? Nous avons vu précédemment que la majorité du papier ensemencé présente une empreinte carbone très importante. Planter quelques graines semble bien dérisoire… Pensez-vous que cela puisse suffire à annuler l’empreinte induite par le recyclage du papier, celles du transport ou de la fabrication de l’encre d’imprimerie ?

Ce qui m’amène à l’allégation des 100 % de biodégradabilité. Si le papier peut effectivement l’être, ce n’est pas forcément le cas de l’encre ! Il est impératif de connaître la manière dont les documents sont imprimés. En termes de composition ou de dégradabilité, toutes les encres ne se valent pas. En outre, certaines méthodes d’impression peuvent « tuer » les graines, ou les brûler, rendant le papier « stérile ».

Autant de raisons de bien se renseigner, non ?

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originalité et cohérence

J’en viens à présent à un point qui me paraît vraiment très important, celui de la cohérence.

On parle beaucoup de l’originalité du papier ensemencé. De la manière dont il va vous permettre de vous démarquer tout en permettant à votre destinataire d’éliminer écologiquement votre message. Ceci m’inspire deux questions :

 Si le message a vocation à être détruit, vaut-il la peine d’être imprimé ?

En matière de communication responsable, le maître mot devrait être « réduire« . Si vous pensez que ce que vous avez à dire ne vaut pas la peine d’être conservé… Faut-il vraiment le dire ?

 Si le message est important et a vocation à être conservé, pourquoi utiliser du papier ensemencé ?

Je prends l’exemple d’une carte de visite. Lorsque vous la donnez à quelqu’un, vous avez sans doute l’espoir qu’il conserve vos coordonnées, pas qu’il les enterre. Dans ce cas, le papier ensemencé constitue-t-il le meilleur choix ? Quel signal envoie-t-on avec un papier « à jeter » ?

Je glisse au passage qu’il me parait toujours un peu étrange… de jeter (ou d’enterrer) un « déchet » au sol. Lorsque l’on présente son choix de papier comme une démarche écologique, n’est-ce pas contradictoire ?

Au delà de cet aspect de « communication jetable », je trouve important d’attirer l’attention sur la cohérence du choix d’un tel papier.

Convenons que le papier ensemencé présente un aspect très particulier du fait de la présence importante des graines. Ces fameuses graines, sont-elles adaptées à votre activité ?

Dans notre démarche au sein de Lichen nous attachons une extrême importance au lien entre le support et l’activité qui y est liée. Dans cette optique, utiliser du papier ensemencé lorsque l’on est fleuriste ou horticulteur cela est très logique. C’est cohérent !

Mais… Lorsque l’on vend des ordinateurs ou des vélos, que l’on a une activité de conseil en art, cela l’est-il toujours ?

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mais alors, quelles solutions ?

Arrivé jusqu’ici, vous vous demandez sans doute, « mais alors, je fais quoi ? »

Réponse 1. Vous pensez que le papier ensemencé est fait pour vous

Dans ce cas foncez… Sans précipitation !

Prenez le temps de bien vous renseigner sur votre prestataire. De lui poser toutes les questions que vous jugerez utiles quant à la provenance et à la fabrication de son papier.

Réponse 2. Finalement vous n’êtes plus très sûr. Mais vous aimiez bien le principe d’un papier responsable et biodégradable.

Avant d’aller plus loin, je rappelle que tous les papiers « naturels », c’est à dire sans traitement, impression ou surfaçage, sont biodégradables !

Et j’ai une autre bonne nouvelle pour vous : des papiers à la fois sublimes, originaux, responsables… et peut-être plus adaptés à votre activité, ça existe !

Vous pouvez par exemple vous tourner vers les papiers upcyclés de l’Italien Favini, reconnu pour son éco-responsabilité. Des papiers à base :

– d’algues (Shiro)

– de chutes de laine ou de coton issus de l’industrie de la mode (Refit)

– de résidus alimentaires (Crush)

– de cuir issu de l’industrie (Remake)

Ou pourquoi ne pas regarder en direction du papetier allemand Gmund :

– le Bier Papier, composé de résidus de houblon issus de brasseries bavaroises

– le Bio Cycle, produit à base de plantes (blé, herbe, coton… cannabis !) et compostable

Dans tous les cas, quel que soit votre choix, n’oubliez pas : tout ne s’arrête pas avec le choix du papier. Il est tout aussi important de bien choisir l’imprimeur qui s’occupera de le sublimer… de manière responsable.

Et si vous êtes vraiment perdus… Contactez-nous pour que l’on trouve ensemble votre papier idéal !